L'été venu, c'est bien connu : les étudiants rentrent au pays !
Parmi nos affiliés CMEL, nombreux sont les expatriés qui ont abandonné leurs terres d'origine.
Etendard de sa région et des falaises gréseuses qui la peuplent, Vincent nous adresse quelques photos d'Alsace.
Entre deux fêtes du vin arrosé, il réussit à nous dresser l'inventaire des principales structures rocheuses des Vosges :
La Martinswand :
Il faut descendre dans les Vosges du Sud (est ce encore la vraie Alsace ???) pour s'extraire de l'omniprésent grès.
Site numéro un pour les amateurs de hauteur et de voies en plusieurs longueurs. On frôle les presque 100 mètres et la vue sur la vallée est remarquable.
Le granit est très fissuré et plutôt raide. Le style d'escalade s'en ressent : assez physique ; rien à voir avec les dalles couchées d'Ailefroide.
Photo ci contre : au sommet de "la Mulhousienne" 4 longueurs en 6a max et une bien belle ambiance.
Les Vosges du Nord plébiscitent la domination intégrale du grès (dit rose).
Appellation troublante car la couleur tirerait plutôt vers le rouge orangé et parfois vers le rose mais vraiment très foncé.
Deux catégories de falaises en grès :
- Les anciennes carrières : désaffectées par l'exploitation industrielle puis restaurées par et pour les grimpeurs, elles sont un must de l'escalade alsacienne (pour se donner une idée, l'Etoile Noire de la Ciotat ressemble à ce style d'escalade). Les préhensions deviennent plus franches et sont très appréciées des amateurs de réglettes. Le site phare d'Alsace (et réellement majeur pour l'escalade si on réussit à oublier l'ambiance sonore de la route nationale toute proche) en fait partie : le Kronthal.
Dans une version récente, Klingenthal a connu un succès éclatant. Ce site offre un panel de difficultés variées du 5 au 7 sur des itinéraires d'ampleur.
A gauche, la partie facile de la carrière : assurage du haut et descente en rappel obligatoire ; attention à bien respecter les consignes alsaciennes pour ne pas user les rings des relais littéralement sciés par le sable du grès.
Ci dessus, le mur central avec des belles lignes en 6c.
Une question : pourquoi n'installent ils pas des maillons rapides sur ces fragiles points ? Ce sera plus facile à entretenir et à changer en cas d'usure prématuré.
- Les sites naturels :
Typiquement, ils se déclinent en tours de grès naturelles. Si on voulait résumer, ce serait "escalade tout en rondeur".
Mais, ce serait trop simpliste car comment éluder les multiples incrustations de galets de toutes tailles (du gravier au format brique), les fissures et autres trous sans oublier les plats.
Les tours du Windstein, site majeur, en sont un exemple marquant.
Dans la même zone, Obersteinbach abrite plusieurs faces émergeant de la forêt. Même la frontière n'estompe pas l'ambiance du Palatinat tout proche. Sauf que sur le pendant allemand, l'équipement est resté historiquement (ou éthiquement) assez sobre avec un usage bienvenu du coinceur.
Malgré les rings gage d'une solidité exceptionnelle, le grimpeur n'aspire pas à un réconfort rassurant évoluant en adhérence aléatoire.
Ci dessous, le Wachtfels propose une escalade très technique sur les pieds. Sous le sable envahissant le moindre replat (puissant souffle nettoyant requis pour le premier répétiteur), les prises crochetantes sont des micros graviers qui serviront à crisper puis à pousser : une escalade où il faut faire corps avec la matière ! Embrasser le rocher ou se coucher dessus ne sera pas obscène ;-)
Dans chaque style, une multitude de falaises égrène des voies à la typicité redoutable ; difficile de grimper à vue ici ; adoptez la mode alsacienne en privilégiant plusieurs montées : une pour poser les dégaines, une pour trouver les méthodes, une pour valider ses mouvements et enfin commencer les essais mais trop cuit pour enchainer ;-)
L'Alsace est donc une destination intéressante pour se rafraichir l'été ; pour l'hiver, rester bien au chaud dans notre sud ... en attendant que le réchauffement climatique finalise son effet estival en hiver.