Suite à l'article précédent, les "Réserves Intégrales" soulèvent des débats intéressants pour la préservation de l'environnement.
Le but initial du Parc National est de protéger la faune et la flore des Calanques contre les nuisances humaines et la sur-fréquentation.
La position des usagers des activités douces dites de pleine nature (randonnée, escalade, VTT, kayak) est d'optimiser une politique d'éducation du grand public par l'information et la
communication à l'opposé d'une politique aveugle d'interdictions totales sans concerations.
Attachons-nous essentiellement aux oiseaux puisqu'ils représentent la majorité de la faune locale.
Avec sa géologie de falaises terrestres et surtout maritimes, les Calanques sont un refuge pour de
nombreuses espèces dont certaines sont protégées (Faucon Pélerin) et parfois en voie de disparition
(Aigle de Bonelli par exemple).
En généralisant, la période sensible pour les oiseaux est celle de la nidification.
Pourquoi appliquer une interdiction rigoureuse toute l'année alors que la période critique ne couvre que quelques mois ? Pourquoi ne pas s'appuyer sur des formules qui ont fait leur preuve
ailleurs et les appliquer intelligemment dans les Calanques ?
On peut s'étonner de voir qu'en France, chacun dresse des règles dans son coin sans utiliser ce qui
fonctionne dans d'autres régions (en passant, c'est aussi valable pour les Comités Départementaux de la FFME).
Deux points sont essentiels dans la protection de l'environnement :
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Un choix justifié et argumenté de l'interdiction si elle doit intervenir (en dernier recours) ;
-
L'éducation du grand public et pour notre sujet, en particulier les usagers (grimpeurs, randonneurs).
Une interdiction si elle est justifiée et clairement expliquée sera plus facilement admise par les usagers et donc, respectée.
Pour la justifier, il faut qu'elle soit géographiquement ciblée et fixée temporairement selon les périodes sensibles.
L'observation précise et régulière des oiseaux protégés permet de suivre leur nidification et de déterminer l'emplacement des nids pour chaque saison.
Il sera simple de charger des agents du futur Parc d'observer et d'argumenter ensuite une zone
d'interdiction qui sera effective à partir de la nidification constatée (et pas seulement en vertu des
dates théoriques) et levée lors de l'envol des petits.
L'éducation du public passe par une communication claire et intelligemment diffusé.
Rien ne sert de mettre seulement un panneau d'interdiction au pied de la falaise sensible : après une heure de marche, les randonneurs auront quelques difficultés à renoncer à leurs projets
(c'est humain ou plutôt "français").
Il faut donc avertir le plus en amont pour que les grimpeurs ne projettent pas leur sorties dans une zone sensible.
Les moyens modernes que sont Internet semblent le plus efficaces pour communiquer en temps réel.
Des panneaux d'informations sur les parkings habituels mentionneront le rappel à la protection et l'avis sur les endroits précisément qui sont occupés par un nid et son couple de parents.
Si on veut la diffuser au maximum, l'information doit aller au devant du public et il ne doit pas aller la chercher car ce serait le meilleur moyen de ne pas être averti.
L'exemple pratique d'Arguibelle (site des Pyrénées au sud de Pau) est intéressant : sur
l'unique parking, l'information sur les oiseaux migrateurs est immanquable.
Les nombreux secteurs sont représentés sur un plan et pour chacun, la mention "Ouvert" ou "fermé" (à la manière d'un col de montagne) est affiché. En fonction des observations des oiseaux
migrateurs, les secteurs sont autorisés ou non suivant la présence d'un couple d'oiseaux en pleine nidification.
Autre exemple : en Alsace, les Vosges hébergent de nombreux faucons pélerins. Les falaises sont partagées entre ces oiseaux et les grimpeurs et temporairement fermées lors de
la nidification.
On peut donc envisager sur les parkings, ces panneaux qui permettraient aux grimpeurs ou randonneurs de modifier aussitôt sa destination.
A l'inverse, une interdiction complète à l'année serait mal perçue et mal comprise si les couples ne nichent pas régulièrement. Dans l'esprit frondeur du français, elle ne serait pas suivi.
Espérons que les discussions seront sages et sauront trouver un fonctionnement de cette nature.
L'association "Des Calanques et des
Hommes" oeuvrent dans ce sens ...