Le littoral méditerranéen s'étendrait-il jusqu'aux confins orientaux et nordiques du pays ? La Ciotat, l'épicentre de la C.M.E.L. se serait-il déplacé de quelques centaines de kilomètres vers l'Allemagne ?
A en croire la fréquence des articles sur l'Alsace et ses falaises cramoisies , on pourrait croire que la Compagnie des Moniteurs d'Escalade du Littoral a ouvert une annexe au pays du vin sirupeux et de la gastronomie fortifiante.
En plein été, c'est justement la conjugaison de deux pics d'activités phares de la région qui donne l'occasion de prolonger un week-end sur place : l'escalade bien sûr mais aussi les "foires aux vins" se succédant dans les villages-producteurs.
Evidemment, ces évènements nous seraient inaccessibles sans la communication de notre envoyé spécial bleausard Vincent Scharwatt dont les origines alsaciennes exigent quelques visites régulières au pays ... pour se ressourcer.
Première étape : le décrassage sur un site clé en main de l'arrière-pays obernois : Klingenthal. (topo et commentaires des voies sur le site de Serge Haffner ou dans la dernière édition 2009 du topo des Vosges du Nord).
Après notre grès inimitable de l'Etoile Noire, celui magique de Fontainebleau et le mal-connu de Berdorf, le périple du grès se poursuit donc ici (dans cette perspective, il restera à visiter Annot et La Capelle ...).
"Les mécomptes de la bécasse" 6b |
Vincent dans la grande classique : "Le Pilier de Barr" 6a+. |
Au bord du grand mur rouge, les écailles sont plus profondes pour "Parfum exotique" 6b classique et très beau ! |
Les murs rouges à règles, plus ou moins plates ou rondes suivant l'origine plus ou moins artificielle de la falaise (falaise naturellement érodée ou ancienne carrière comme ici), sont une base de l'escalade alsacienne : force, technique, placements pour ces voies plutôt résistantes.
Néanmoins, au sommet d'une colline, dissimulée sous la futaie des arbres hauts perchés des Vosges, le grimpeur en mal d'exercice musculo-physique dont les entrainements sur pan le rendent dépendant, pourra s'adonner à la répétition des itinéraires haletants de la grotte du Brotsch.
Les connaisseurs connecteront leurs souvenirs avec les photos de Yann Corby et consorts ("Blanc d'essai", "Le traité de déversification", "Homotopie du segment A-B", "Le cosmos par la porte de la minéralité", ...) : les traces blanches marbrant le support foncé de cette voute illustrent la gestuelle féroce de ces innombrables connexions en tous sens.
Après quelques filets de sueurs évacués sur les falaises, le grimpeur pourra s'adonner à un plaisir voisin : participer à une de ces dégustations collectives des crus locaux (les foires aux vins), simples prétextes à une fête géante en compagnie de plusieurs centaines d'adeptes.
Elles se succèdent tout l'été d'un village de vignerons à un autre mais n'ont pas toute la même réputation. Les locaux seront d'une grande utilité pour orienter vers les plus festives.
Même si la vente de bouteilles s'interrompt vers 1h du matin, la fête se finit tard et il est prudent de rester sur place pour dormir : les banquettes de voiture se transforment allègrement en couchettes. Difficile dans ces conditions d'envisager une séance de croix le dimanche ; ce sera plutôt "Bretzel" et "Efferalgan".