Lors du dernier volet du triptyque du rassemblement 2010 des adhérents C.M.E.L., c'est la météo qui impose ses règles : vent d'Est et pluie annoncée.
La morosité faillit réduire la motivation à néant mais finalement, l'espoir d'une certaine stabilité entraîne les grimpeurs restants dans les Calanques.
La maigreur de l'effectif se réduit à sa plus simple expression et compose à peine une cordée. Assez pour rejoindre l'Oasis, le refuge des randonneurs avec ses aménagements sous la voute bistrée (bancs, murs de pierres et plantes grasses d'ornements) mais aussi le refuge des grimpeurs cherchant à s'abriter du vent d'Est.
Le bandeau calcaire inférieur parait étriqué, écrasé qu'il est par l'ampleur du ressaut supérieur. Et pourtant, les 20 mètres suffisent à exploser les avant bras dans de beaux combats continus.
A l'extrême droite se trouvent les voies les plus simples pour l'échauffement (attention aux réglettes arrondies du 6b "La Sauge", loin d'être une partie de rigolade et réclamant technique et force des doigts) puis en retournant vers la gauche du secteur, la difficulté devient plus asphyxiantes jusqu'aux voies en 8 du bombé noir.
Beau dièdre aux grosses prises tout en restant athlétique : "Le slaloom des lapins" 5b. |
"Porcelaine" : un 6c qui déroule jusqu'à la "plaque disparue" où la visualisation de son corps dans l'espace permet d'imaginer les placements à réaliser en l'absence brutale des bonnes prises. Un indice : écarts ... Pas si simple à vue ! |
"Altaïr" : une merveille de force, méthode et continuité signée Gilles Bernard ! A faire absolument mais attention, c'est du vrai 7b !
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Jusqu'au 7b, la continuité est reine avec souvent une succession de réglettes entrecoupés de quelques pas où la réflexion compensera une faiblesse de vérin.
Après l'échauffement classique des habitués dans "Vie violence" qui déroule correctement en 6c, l'archétype du style conti' local est "Le sacre du printemps" en 7a+ : un bijou parcourant une fissure légèrement déversante avec un pas un peu plus marqué dans le haut. Magnifique !
Les poumons entravés par une hygiène de vie douteuse seront à la peine tant l'essouflement gagne vite.
A partir de 7b, le modèle d'"Altaïr" montre combien une réserve de force et de rési est nécessaire en supplément. La sentence est irrévocable si les mains n'arrivent pas à tenir les premières inversées : le cul par terre, il n'y a qu'à constater un cruel manque de force et donc, pas la peine de s'acharner pour la suite.
Sinon, apprivoiser les méthodes séquence par séquence permet de concevoir l'enchainement.
Se réserver quelques cartouches pour la dernière section sera un gage prudent de réussite et de satisfaction.
Aux premières heures du secteur, cette voie mythique avait bien effrayé les locaux quand ils virent Dieu, le "Blond" en personne prendre un plomb aussi monumentale qu'imprévisible en cassant une prise dans le haut et s'écrasant le dos au sol à la faveur de quelques dégaines sautées. Le pronostic n'était guère favorable mais sa constitution et son mental ont su le rétablir pour la carrière qu'on lui connait.
Malgré la fatique et épargné par la pluie, Vincent boucle le 3ème jour avec cette belle croix puis celle flash de "Pierre qui roule", un 7a avec une méthode à découvrir et une continuité finale étouffante.
Il peut repartir tranquille ; le contrat est rempli même si l'objectif du 8a "encordé" n'est pas atteint.
Tant que le plein de plaisir est fait, peu importe le contenu !
Bravo !