[ Retour sur un récit d'une sortie avortée lors de l'hiver 2006-07 ]
L'hiver dernier, Jean Phi imagine visiter une falaise des Alpilles. Vantant un niveau très abordable, il convaint sa femme de l'accompagner. Après une heure de route, il se retrouve dans ce massif.
Muni du précieux (ou pitoyable selon les avis) actuel topo des Alpilles et de l'article du Grimper d'octobre 2006, la falaise est à la hauteur des espérances : belle paroi. Le bruit de la route est encore audible et peut gêner mais on ne va pas chipoter.
C'est parti pour une belle journée d'escalade : première longueur, "Eperon des Alpilles", un long 6a.
D'après l'article de Grimper, avec une 60 mètres, ça passe partout. Première imprécision !
Mais cet éperon n'est pas rectiligne et navigue de part et d'autre du fil du pilier si bien que l'assureur ne voit plus le grimpeur quand il est au relais et quand il redescend. Effectivement en suivant bien la ligne équipée, on réussit à retomber juste juste en bout de corde. Mais si on descend à la verticale du relais, on se retrouve dans un dévers qui s'achève 10 mètres plus bas ... et donc, sans corde suffisante.
Les 60 mètres peuvent passer mais avec vigilance et réflexion ... ce qui n'est pas précisé dans l'article.
Bon, à la rigueur !
Mais ensuite, Jean Phi va dans "Tisseurs d'or" 6a (cotation topo) remonter à 6a+ dans Grimper (quelle audace ;-)). Dès le bas, les mouvements sont durs sur des bi en tendus et au prix d'un mouvement d'envergure systématique. Un passage qui n'a rien à voir avec du 6a mais bien 6b+ voire 6c (ou alors serait-il complétement rouillé ??).
En plus, l'équipement est assez espacé.
En conclusion, saoulé de ne pouvoir offrir l'escalade promise à Nath', les sacs sont prestement faits et l'après midi se finit par une visite aux ruines du Glanum (vive les activités culturelles pour se détendre).
Le bilan de cette mésaventure, Jean Phi aurait pu le prévoir car il connaissait les conditions des équipements de l'époque ; Daniel Gorgeon l'avait même prévenu à l'époque : "le Mont Gaussier, c'est dur ! ".
En effet, l'équipeur utilisait frénétiquement le matériel pour équiper les lignes les unes après les autres et cotaient à l'arrache dans une fourchette de 5b à 6a, voire 6a+ si c'était dur.
Alors, les voies sont bien, là n'est pas la question mais, il faudrait arrêter la démagogie.
Quand on vend sur un topo (complétement faux sur les cotations car on retrouve les mêmes choses à Aureille et à Maussanne sans parler de Mouriès historiquement sur-dur) et encore plus sur un article récent de Grimper qui ne prend même pas le temps de prévenir sur la sous-cotation flagrante, il y a comme qui dirait de la publicité mensongère. Si au moins l'homogénéïté à l'intérieur des secteurs était respectée ...
A présenter de belles photos (sans parler du texte polémique qui ne fait aucun cas des efforts des locaux pour trouver un terrain d'entente avec les organismes de défense des oiseaux), Grimper vend son magazine, un point c'est tout !!! Sa démarche commerciale a ses limites (ce n'est pas une stratégie à long terme car à force de divulguer des infos pourries, les lecteurs vont abandonner ce magazine). Mais, le topo lui, se doit de coller au plus à la réalité.
Comme Jean Phi le précise, un grimpeur de 7 dont la marge lui permet de grimper dans du 6 sous-coté n'aura pas de problème : il serrera les dents et s'arrachera jusqu'au relais.
Mais, pour un grimpeur qui vient se faire plaisir sur une falaise présentée avec une difficulté moyenne de 6a, la surprise va être de taille. Non seulement il va galérer dans les voies et se prendre des bonnes ratasses de 6 mètres garanti.
Un espoir et aussi une crainte, c'est que le futur topo fédéral des Alpilles corrigent ses erreurs grossières et ne fassent pas un léger lifting en rajoutant un + aux cotations actuelles.
Car à Aureille, à Maussanne, au Mont Gaussier, des 5c qui valent 6b et des 6a qui sont limites 7a, il y en a quelques uns.
Arrêtons l'hypocrisie de dire qu'on conserve les cotations en l'état car c'est historique (comme pour Mouriès où les voies faciles n'ont aucune raison d'être sous-côtée). Les cotations sont subjectives et ne sont pas figées comme le nom donné à une voie. Elles doivent évoluer avec le rocher et avec la pratique des grimpeurs.
Le rôle d'un topo est aussi de renseigner sur la vraie difficulté (au moins à la lettre près) d'un site pour éviter de faire 100 km de route pour finalement se prendre but sur but.
Connaissant la rigueur et l'ouverture de Jean et des clubs des Alpilles, leur travail corrigera ces
invraisemblances sans faire du vague copier-coller des cotations du vieux topo.
Il faudra attendre la fin de 2008 pour avoir la réponse.
En attendant, visiter les superbes sites des Alpilles ... avec un peu de marge !