Les visites dans le passé ont parfois du bon.
A l'ère des compétitions d'escalade en falaise dans les années 90, naissaient les voies de la Baume Canouille à Vitrolles.
Les pans et autres salles d'escalade balbutiaient leurs premières ouvertures mais déjà l'envie créatrice des équipeurs s'exprimaient sur le rocher.
Comme toutes créations, la discipline avait ses ouvriers qualifiés dans le volume et l'efficacité mais aussi ses orfèvres.
Ainsi, la baume montre combien les compétitions prouvaient leur intérêt en créant de nouvelles falaises mais en contrepartie, l'inconvénient de ses voies sur "commande" étaient leur inégale qualité.
A la Baume Canouille, vu la matière première du calcaire local, les voies sont intégralement bidouillées. L'investissement des équipeurs était à la hauteur de leur motivation personnelle et de leur empressement ou au contraire de leur patience.
On trouve donc des voies parsemées de prises en résine : triste spectacle à notre époque mais sûrement digne d'intérêt à l'époque (En fait, l'idée à l'époque était de les retirer dès la compétition achevée. Finalement, elles sont restées).
Mais au milieu de celle ci, l'une attire l'oeil : les patates rocheuses et autres colonnes surnaturelles se succèdent le long du plafond : "Vieille canouille" 8a.
Renseignements pris, Gilles Bernard a mis 1 semaine pour l'équiper faisant systématiquement les mouvements puis les sections les uns après les autres (peut être un article prochain sur les techniques de bricolage mises au point par cet infatigable artisan des falaises). Le but était de créer la voie de finale avec une difficulté crescendo. Pour permettre à tous les grimpeurs de passer le plafond, les prises rapportées (toutes trouvées sur le sol de la Baume) sont généreuses et en nombre délivrant un niveau de 6c+/7a.
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A partir de la lèvre, le dévers est moindre mais le croisé vers la gauche prélude des mouvements dynamiques qui haussent le ton. Le mousquetonnage suivant n'est pas des plus reposants et si on est en plein travail pour l'enchaînement, sauter la dégaine économisera une once d'énergie salvatrice. |
Arrivé à la verticale en inverse, le plateau se laisse entrevoir mais les derniers mouvements pour l'atteindre sont les plus durs. C'est là que la victoire se jouaient pour les derniers prétendants (devant le niveau impressionnant des compétiteurs et juste avant la finale, Gillou reboucha rapidement un bac dans le haut et restitua la règlette d'origine) : des règlettes sikatées mènent à une bonne écaille à saisir en épaule main droite. Oui, mais comment réussir à envoyer la main gauche dans la bonne séquence ? Un petit coincement de genou aide à lacher l'inverse vers la règle au dessus et à relancer main droite dans le bon ordre.
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A l'origine, le rétablissement sur le plateau finit la voie mais le frottement est inconfortable ; alors aujourd'hui, on peut redescendre au dernier point pour mouliner la descente.
En conclusion, un 8a qui donne l'illusion d 'un niveau accessible avec sa difficulté croissante. Mais ne vous imaginez pas réussir aux 2ème run cette voie dont l'enchainement reste d'un haut niveau. Pour la petite histoire, sachez que le vainqueur de la compétition tomba à-vue à l'ultime mouvement sous le relais.
Alors si vous bourrinez bien dans les plafonds et autres doubles toits de votre salle de pan favorite, n'hésitez pas à faire une petite visite dans la section du plafond et vibrez à l'unisson des robustes stalagtites. |