DESTRUCTION DES SENTIERS HISTORIQUES DES CALANQUES PAR L’ONF
Contexte
Le massif des Calanques s’étend sur 5000 hectares en bord de mer sur prés de 15 Km entre Marseille et Cassis. Ce massif très accidenté est réputé pour ses sites d’escalade et pour les nombreux sentiers de randonnée qui le parcourent. Il s’agit d’un site naturel classé présentant de nombreuses caractéristiques d’un terrain de montagne.
Le projet du Parc National des Calanques est actuellement en cours. A cet effet le GIP (Groupement d’Intérêt Public) a été créé en 1997 pour étudier la faisabilité d’une telle structure. Le GIP, à ce jour, n’a aucun pouvoir de décision mais un rôle de coordination et de concertation. Les conclusions, dressées en juin 2006, ont été positives et se sont traduites par une lettre d’intention de création du Parc National des Calanques. De longues procédures et étapes sont encore indispensables pour arriver à la création définitive du Parc dans 4 ou 5 ans.
Deux associations « historiques » le CAF Marseille-Provence et les Excursionnistes Marseillais, en coordination avec le Comité départemental de randonnée pédestre, assurent depuis des décennies l’entretien et le balisage des chemins de randonnée qui parcourent le massif. La carte IGN du massif recense les différents itinéraires qui sont repérés par couleurs. En effet, si la plupart de ces itinéraires sont accessibles par des randonneurs moyens, plusieurs itinéraires ont été équipés, sur des passages plus difficiles, de câbles ou chaînes destinés à faciliter leur traversée. Le massif des Calanques compte une dizaine de passages de ce type, dont certains relèvent plus de l’escalade que de la randonnée. Il convient de préciser qu’il s’agit d’itinéraires qui ne posent pas de problèmes de sur-fréquentation.
La suppression des passages et des sentiers
L’ONF, qui assure la gestion de la partie du massif appartenant à l’Etat, a soulevé il y a environ deux ans le problème que représentait, selon lui, la présence de ces câbles et chaînes installés anonymement par des bénévoles au cours des décennies. Cette pose n’avait pas fait, bien entendu, l’objet de convention avec le propriétaire, en précisant les conditions d’installation et d’entretien. Ces conventions classiques en escalade déchargent les propriétaires de la responsabilité de la pose et de l’entretien des équipements nécessaires à la pratique de l’escalade. A défaut de la signature d’une telle convention entre une des fédérations sportives délégataires (FFRP ou FFME), l’ONF menaçait de procéder à la dépose des câbles et chaînes et de supprimer purement et simplement tous les sentiers qui y conduisent (voir la carte).
Les deux fédérations délégataires ne veulent pas s’engager par convention sur ce type d’équipements : pour
la FFME c’est de la randonnée et pour
la FFRP ce n’est pas de la randonnée mais de l’escalade. L’ONF en a avisé les associations de pratiquants par courrier du 27 juillet 2006. Après concertation avec d’autres associations, une réponse par courrier du 11 septembre a été apportée sous l’en tête du Comité Départemental 13 de
la FFCAM. Nouveau courrier de l’ONF daté du 14 septembre repoussant les argumentations développées et proposant une réunion de concertation.
Malgré les échanges de courriers et la proposition d’une nouvelle réunion de concertation, l’ONF faisait procéder à la dépose des câbles sur plusieurs passages fin septembre 2006, notamment sur le passage de « l’Oeil de Verre », itinéraire emblématique du site pour les randonneurs expérimentés et pour les grimpeurs. C’est effectivement le passage qui permet aux randonneurs de réaliser la traversée des Calanques Marseille-Cassis par le bord de mer.
Pourquoi ?
Dans son premier courrier l’ONF argue que « la gestion d’aménagements dangereux (mains-courantes et autres câbles) sur des sites accueillant du public ne fait en aucun cas partie des missions qui lui ont été confiées par l’Etat ». L’ONF souhaite « une solution à cette problématique, tant en en termes de responsabilité que de financement » ; en clair il demande à se décharger de toute responsabilité et de sa mission de service public. Il souhaite, semble-t-il, vouloir canaliser les pratiquants sur les autoroutes à randonnée sécurisées du type de celle que l’ONF est en train de réaliser au mépris de l’environnement entre
La Gardiole et En Vau.
Il faut noter que le Conseil Général propriétaire d’une partie du massif a équipé de nouveaux câbles le passage délicat du sommet de Beouveyre. Le syndicat gestionnaire du site de Sainte-Victoire équipe et entretient de nombreux équipements sur les sentiers parcourant le site.
Réactions des Associations de randonnée et escalade
Ce travail de destruction est :
- dangereux pour les pratiquants munis des topos et cartes mentionnant bien évidemment toujours ces sentiers. Par ailleurs aucune étude d’accidentologie n’a démontré la dangerosité particulière de ce type d’équipement et, à notre connaissance, le seul accident grave à déplorer fut causé par la dépose, anonyme et criminelle, de la chaîne de l’Oeil de Verre en 1994.
- dangereux pour la préservation du site en incitant les randonneurs et grimpeurs à tracer leur propre passage : multiplication de sentes, pitonnage et dépitonnage…qui ont une répercussion néfaste pour la flore et un impact certain sur la dégradation du terrain.
-contraire aux usages et à l’esprit des lieux qui ont fait la réputation des Calanques. Ces sentiers que l’on peut qualifier d’historiques ont fait le bonheur de générations de randonneurs originaires de toutes régions. Les Calanques sont un patrimoine national qui ne doit pas faire l’objet d’actions irréfléchies
La Pétition (voir annexe)
Lancée par un véritable collectif d’associations elle est envoyée grâce aux courriers électroniques à d’autres associations concernées par la défense des Calanques. Elle a été présentée samedi 14 et dimanche 15 octobre aux personnes partant pour leur randonnée depuis Luminy et
La Gardiole . De nombreux pratiquants, individuels ou associatifs, ( plus de 600 le dernier week-end, de tous âges et horizons, du département et même étrangers ) ont découvert le problème et remercié les associations de leur action et de leur engagement
Les élus et les représentants de l’Etat (Ministres, préfet, députés, maires…).ont été avisés par un courrier spécifique.
Nous continuerons à présenter la pétition à l’entrée des Calanques les samedi et les dimanche matin jusqu’à la fin du mois d’octobre 2006.
Les demandes
o Nous demandons que l’ONF cesse immédiatement ces lourds travaux de destruction.
o Nous attendons que l’ONF assure une véritable mission d’accueil du public en gérant ces équipements comme d’autres gestionnaires le font déjà.
o Nous appelons les associations responsables, les gestionnaires et les collectivités territoriales à se réunir le plus vite possible sous l’égide du GIP afin d’inventorier les solutions d’aménagements nécessaires à la pratique des sentiers historiques du massif des Calanques.
Ce que nous attendons des médias
Qu’ils portent ce problème à la connaissance du grand public de sorte que cette pétition par la quantité de ses signataires alerte les pouvoirs publics pour qu’ils agissent en faveur du rétablissement de ces équipements et arrêtent l’action destructrice de l’ONF.